Last Summer Avis critique du film & résumé du film (2024)

Mais quand on rencontre Anne pour la première fois, elle est calme et aux commandes. Avocate au service des victimes d'agressions sexuelles adolescentes et d'autres jeunes en danger, elle fait un travail important qui a aussi une signification pour elle. Elle est à la fois compatissante et ferme lorsqu'elle interroge sa dernière cliente, préparant cette jeune femme à l'interrogatoire qu'elle devra sûrement subir au tribunal. Anne est efficace et compétente, mais aussi incroyablement chic, et Drucker la rend totalement captivante dès le début.

Mais cette façade commence à s'effriter lorsque son mari riche et plus âgé, Pierre (Olivier Rabourdin), annonce que son fils de 17 ans, issu de son premier mariage, a encore fait une bêtise et qu'il aimerait l'accueillir chez eux pendant un certain temps. Pierre et Anne ont déjà d'adorables filles adoptives qui apportent une touche de jeunesse à la maison. Inviter ce jeune fauteur de troubles est une perturbation malvenue.

Dès l'arrivée de Théo, sans vergogne (et souvent torse nu), on sent dès le début une tension hérissée entre lui et Anne. Avec ses cheveux hirsutes et ses membres dégingandés, Samuel Kircher fait de Théo l'image de la rébellion adolescente. Et pourtant, nous apercevons également un intérieur loufoque et gluant lorsqu'il joue avec ses jeunes sœurs, qui l'adorent. Avec le temps, un lien conspirateur improbable se forme entre Anne et Théo, qui se transforme en balades furtives en scooter et en boissons l'après-midi, qui se transforme en davantage une fois que Pierre quitte la ville pour affaires. Breillat tient sa caméra pendant de longs plans, nous laissant nous attarder sur l'instant alors qu'ils fument et boivent dans la cour, leur langage corporel devenant un peu trop familier. La consommation constante de vin sert de lubrifiant pendant ces longues journées de farniente.

Alors quand Anne et Théo cèdent enfin à leur attirance, c'est tout simplement une évidence. Bien sûr, cela allait arriver. Breillat tourne une nouvelle fois ces scènes avec une simplicité sans faille, gardant le plan longtemps après la fin de l'acte, nous laissant le temps d'interpréter l'expression du visage d'Anne. Ce n’est pas du sexe sexy, mais c’est clairement transformateur.

« L’été dernier » est un remake du film danois « La Reine de cœur » de 2019, mais Breillat s’approprie le matériau avec sa manière caractéristique et sans compromis. Une fois que cette affaire d’inceste est sur le point d’être révélée, la tension change ; la lente montée en puissance de la question de savoir s’ils seront attrapés se transforme en intensité des dommages potentiels à venir. Et pourtant, Breillat maintient un ton factuel tout au long du film, permettant au pouvoir de venir plutôt de la performance magistrale de Drucker. Nous la regardons passer sans problème de montrer les défenses d’un animal en cage à devenir elle-même le prédateur, illuminant ses accusateurs. L’hypocrisie des actes d’Anne, compte tenu du type de droit qu’elle pratique, est évidente, mais Breillat est suffisamment expérimentée pour savoir qu’elle n’a pas besoin de nous l’expliquer. Bien au contraire – nous voyons Anne exploiter toutes ces techniques d’interrogatoire expertes pour renverser la situation contre quiconque ose venir la chercher.

Bizarrement, vous pourriez vous retrouver à l'encourager à s'en sortir – et ensuite réaliser que vous vous sentez mal à l'aise face au fait que vous l'encouragez à tout s'en tirer. Telle est la sorcellerie compliquée d’un film de Catherine Breillat.

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